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Chemins d’étoiles

04 février 2015

Rencontre avec Bernard Chevilliat, fondateur des Éditions Hozhoni, directeur de la rédaction du magazine-livre « Ultreia ! »

Publié le : 25 janvier 2015 

Propos recueillis par Gaële de La Brosse pour la newsletter de Chemins d’étoiles de janvier 2015  

Chemins d’étoiles – Qu’est-ce qui vous a incité à lancer ce magazine-livre ?

Bernard Chevilliat – Nous sommes, mon équipe et moi, fascinés de longue date par les sagesses et les savoirs du monde. De tout le monde… et de toutes les époques. L’humanité ne vient pas de naître ! En fait, nous récusons tout a priori occidentalo-centriste et considérons que tout ce qui est spirituel – et qui a structuré jusqu’alors le monde – est digne d’intérêt.
Le monde qu’on nous propose aujourd’hui est un étouffoir de plus en plus uniformisé, financiarisé, sans âme ni poésie et d’une choquante inégalité. La violence qui couve ou éclate partout provient de malentendus, de l’avidité et du mépris des hommes, et souvent d’une profonde méconnaissance de l’âme des peuples. Il est frappant de voir avec quelle arrogance et quelle irresponsabilité nous donnons des leçons à la terre entière… sans en connaître véritablement les ressorts. Il ne faut pas s’étonner de la brutalité des rejets.
En créant ce magazine-livre, nous essayons d’établir une passerelle entre les peuples et les spiritualités pour montrer que le monde est un et que la sagesse est universelle et intemporelle au travers de toutes ses représentations. Cela passe donc d’abord par le respect, la compréhension et l’éclairage.
Pour ma part – et pour mieux répondre à votre question –, comme j’ai toujours eu une vraie passion pour la métaphysique, l’écriture et la photographie, je voyais bien qu’il n’existait jusqu’alors pas de « beau » média qui associe ainsi dans un même élan la philosophie, la métaphysique, l’ethnologie, l’anthropologie, le symbolisme, le voyage ou l’écologie en faisant une large place à l’image… Mon tempérament entrepreneurial a fait le reste !


Chemins d’étoiles – Ultreïa ! : pourquoi avez-vous choisi ce titre ?

Bernard Chevilliat – Nous voulions marquer notre orientation par un terme qui marie le voyage, l’aventure spirituelle et la quête métaphysique. Ultreïa, qui est un mot latin, tout droit venu du Moyen Age, réunit bien ces attentes. Il est emblématique du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et, de par son sens même, il est un appel au voyage spirituel dans le temps et l’espace. Ultreïa – et Suseïa qu’on lui associe tout naturellement – nous engagent à aller « plus loin » et « plus haut ». Nous y mettons un point d’exclamation pour en souligner toute la dynamique. C’est là, j’en conviens, un programme assez ambitieux…


Chemins d’étoiles – Le sous-titre de cette revue nous invite sur les chemins de la sagesse. Jusqu’où nous conduirez-vous ?

Bernard Chevilliat – En bons platoniciens, nous n’avons pas d’autre prétention que de marcher « vers » la sagesse, de montrer le « beau », de prôner le « bien »… et de scruter les lueurs d’espérance qui percent encore dans un monde agité pour ne pas dire chaotique.


Chemins d’étoiles – Pouvez-vous nous décrire la ligne éditoriale d’Ultreia ! et sa spécificité dans le paysage actuel des revues ?

Bernard Chevilliat – J’ai déjà un peu répondu à cette question précédemment mais je préciserai qu’en traitant de l’art, de l’artisanat, de la musique comme de la philosophie ou de la spiritualité, nous essayons de brosser un tableau de tout ce qui fait sens pour une majorité d’êtres humains aujourd’hui encore. Avec sympathie et sans naïveté.
Le littéralisme tue alors que le symbole vivifie. Si le religieux redevient central, c’est aussi parce qu’il est inscrit d’une manière ou d’une autre dans l’âme des peuples et qu’on ne peut pas le regarder comme une pathologie ou un simple fait sociologique. Depuis les temps les plus reculés, la dimension spirituelle de l’homme est une donnée incontournable et fondatrice. S’intéresser à elle revient à en étudier avec respect toutes ses manifestations, même si celles-ci ne sont parfois plus que des variantes coutumières ou des superstitions sans fondement. Il faut déterminer ce qui est vraiment essentiel et contextualiser le reste. C’est là aussi notre rôle.


Chemins d’étoiles – Quelles sont ses principales rubriques ?

Bernard Chevilliat – Portés par de nombreux auteurs et photographes de renom tels que Roland et Sabrina Michaud, Olivier Germain-Thomas, Fabrice Midal, Eric Geoffroy ou Christiane Rancé, nous avons établi un cheminement de 23 rubriques et de 10 chroniques – ayant chacune une coloration différente –, qui tendent à couvrir les principaux champs d’investigation que nous nous sommes assignés.
En relatant le cheminement de grandes figures inspirées, nous marchons « dans les pas des pèlerins de l’absolu » ; nous essayons de respirer l’esprit de certains lieux sacrés ou visités des dieux ; à la « croisée des chemins », nous interviewons des philosophes ou des scientifiques ; nous analysons de grands thèmes parfois complexes dans la rubrique « Nœuds et Labyrinthes » ou donnons à lire de la métaphysique dans des « Cahiers » dédiés.
L’importance que nous attribuons à l’image et à l’illustration se retrouve dans le portfolio des photographes-voyageurs ou dans les portraits de « nobles voyageurs ». Plusieurs rubriques traitent de l’art, de la musique, de l’ethnologie (« Aux quatre angles du monde ») ou de l’écologie appliquée (« Le chant de la terre »).
Nous rendons compte de beaucoup de livres, tant dans nos nombreux « Plus loin, plus haut » que dans nos « Bifurcations ». Nous n’oublions pas non plus les exclus de la modernité (« Peregrinus, l’étranger ») et ceux qui les accompagnent avec constance et courage.


Chemins d’étoiles – Pouvez-vous nous présenter votre équipe ?

Bernard Chevilliat – L’équipe compte une dizaine de personnes. Pour n’en citer que trois : Florence Quentin, une égyptologue réputée, en est la rédactrice en chef, Patrice Brousseaud, le directeur artistique et Edwige Nicot, la secrétaire de rédaction. Nûriël Lux, mon épouse, et moi-même, assurons la direction administrative et la direction de la rédaction et Amanda Gérentes est chargée de la communication.
Chemins d’étoiles – La maquette de cette revue est très soignée. Quel rôle joue cette identité visuelle dans votre projet ?

Bernard Chevilliat – Au-delà du fond et de la diversité des sujets, nous avons effectivement apporté une attention toute particulière à la qualité de l’écriture, à l’iconographie et à la mise en page parce que nous croyons vraiment que le « beau est la splendeur du vrai » !
Nous apportons beaucoup de soin au choix photographique. Nous assurons ces choix à plusieurs avec l’appui de Marie-Anne Mehay, une iconographe reconnue.


Chemins d’étoiles – D’après l’écho des lecteurs après la parution de ces deux premiers numéros, qu’ont-ils apprécié particulièrement ?

Bernard Chevilliat – Indéniablement, la forme et le fond plaisent. L’esthétique est unanimement saluée. Le choix et la variété des sujets traités avec exigence et profondeur, ainsi que la qualité de l’écriture, semblent avoir conquis de nombreux lecteurs.
Le deuxième numéro est plus facile d’accès que le premier, mais celui-ci continue à se vendre très régulièrement.
Il nous faut vraiment remercier tous ceux qui nous ont écrit pour nous féliciter ou nous encourager. La chaleur et l’enthousiasme de l’accueil nous ont réellement surpris.


Chemins d’étoiles – Puisque nous cheminons à vos côtés sur les chemins de la sagesse, avez-vous un souhait pour cette année qui commence ?

Bernard Chevilliat – Peut-être pourrions-nous reprendre une formule de Romain Gary, présente dans nos « Viatiques » (recueil de citations), disant qu’« aimer est une aventure sans carte ni compas où seule la prudence égare » et que nous nous souhaitons à tous un monde plus compassionnel et plus sage !

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